Excursion sous la pluie

Publié le par LAO.Nord

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Huaraz, Chavín de Huantar, dimanche 18 octobre,

7h30, je sors du lit. Je prends tranquillement mon petit déjeuner, sur la terrasse, en complétant mon journal. Ce matin, il y a même une omelette au menu. Cette auberge est vraiment le luxe du routard. Douches chaudes,  6 postes Internet, terrasse, excursions organisées et festin au petit dej, sans compter la gentillesse des hôtes et la convivialité des routards, venus des quatre coins du globe, depuis la Corée du Sud, jusqu'au Danemark, en passant par l'Australie, les Etats-Unis, le Luxembourg, la Suède, etc. !

Téo m'accompagne en voiture jusqu'au terminal de bus où il me remet entre les mains de Hugo, notre guide pour la journée. Je suis en compagnie d'une bonne vingtaine de péruviens, la plupart venus de Lima, et d'une poignée de Français. Toutes les explications se font en Espagnol, je suis ravie. D'autant que notre guide a un humour décapant.

DSCN4170Le trajet est absolument magnifique, à travers les montagnes, longeant une rivière au fond de la vallée. La route est longue. 3 heures jusqu'à Chavín, mais le paysage exceptionnel et les explications du guide font en sorte que l'on pourrait continuer ainsi sans se lasser. Nous faisons une petite pause au bord de la lagune de Querococha, entourée de hauts sommets de pierre noire, recouverts de neige dans les endroits les moins pentus. Le lac a une couleur bleu pétrole. De petits chevaux sont à disposition des touristes pour faire une petite promenade.

Pressés par le temps, nous poursuivons la route et passons un col à 4500 mètres, traversons un tunnel et nous retrouvons nez à nez avec un Christ ressuscité, dominant une impressionnante vallée très sauvage. Nous redescendons au fond de la vallée et finissons par arriver à Chavìn où nous découvrons un site datant de près de 3000 ans !

DSCN4180Les constructions, entièrement antisismiques, auraient merveilleusement résisté au temps, si la main de l'homme n'était venue les abîmer et couper les magnifiques têtes sculptées, saillant comme des sortes de gargouilles aux visages déformés par les substances hallucinogènes, consommées par les prêtres de l'époque, afin de pouvoir prédire l'avenir. Notre guide nous montre le San Pedro, un petit cactus dont l'écorce broyée servait effectivement à faire voler les esprits des prêtres pour faciliter la communication avec leurs dieux Aigle, Serpent, Jaguar.

L'orage nous tombe dessus sous la forme d'une pluie violente. Nous courons nous abriter dans les galeries souterraines dont j'abandonne la visite, ne supportant guère la foule empressée dans des corridors étroits. J'ai juste le temps d'apercevoir une sorte de totem en forme de coutelas entièrement sculpté de figures représentant la création du monde andin.

DSCN4186Nous quittons le site, inondé de pluie, et nous réfugions au superbe musée voisin, abritant de magnifiques collections de pierres sculptées de dieux animaux, depuis le papillon, en passant par le serpent et la chauve-souris. Nous admirons de très beaux coquillages, également sillonnés de figures, et ramenés d'Equateur. En effet, la présence de ces coquillages, ramenés à Chavìn par les pèlerins, permettait de prévoir la pluie ou la sécheresse, en fonction du lieu où les coquillages avaient été ramassés.

Très belle salle où ont été regroupées les fameuses têtes tronquées, représentant des prêtres ayant consommé un peu trop de substances hallucinogènes et s'étant déjà à demi converti en dieux, avec lesquels ils établissaient une communication. On peut également observer leur yeux révulsés, leur narines élargies et leur nez parfois bien amoché par la sniffette, leur langue sortie et parfois un filet de sang signifiant une overdose. Spectacle assez édifiant mais figures très expressives pour sûr !

 

DSCN4197Nous nous arrêtons enfin pour déjeuner, sur le coup de 15 heures, dans un restaurant touristique, entouré d'un extraordinaire jardin, rempli de plants de Liliums, à la blancheur écrue, et de hautes gueules de loup, d'un rouge orangé. De petites perles de pluie s'accrochent aux pétales. Au fond, un pont orange, assorti aux fleurs, et les montagnes dégorgeant de pluie.

 

Je commande une truite au riz-patates. Le plat est plus que copieux et je laisse même les frites, pourtant délicieuses. Nous remontons dans le bus dont les vitres sont recouvertes de buée. J'empile les épaisseurs pour me préserver du froid et de l'humidité ambiants, accentués par les vitres que certains passagers préfèrent visiblement garder ouvertes...


DSCN4211Le chauffeur nous enclenche une stupidité de films sur une croisière de gays, mais fort divertissant, d'autant que nous ne pouvons malheureusement plus profiter du paysage, en raison de la tempête. Nous enchaînons par une autre stupidité divertissante sur des ados américains en passe de terminer le lycée et qui se trouvent mêlés aux milieu du porno. Le tout doublé en Espagnol, à mourir de rire.

De retour en ville, je demande mon chemin et ai comme l'impression de me retrouver parmi les personnages du film Blade Runner. Filet de pluie sans discontinuer, nuit noire, ville donnant un léger sentiment d'inachevé, comme souvent au Pérou, sol glissant, voitures éclaboussant les rares passants, je tiens fermement ma bouteille d'eau minérale à portée de main au cas où j'aurai besoin de m'en servir comme gourdin.

DSCN4215Tout va bien, j'arrive au très accueillant hospedaje Caroline, où je monte dans la salle commune, en vue de me faire une petite tisane à base de camomille. Comble du comble, avec toute l'eau qui tombe dehors, nous avons une coupure d'eau. Je me rabat sur Internet qui fonctionne encore, pourvu que ca dure. Je fais une deuxième tentative pour la tisane et me vois contrainte de faire bouillir mon eau minérale.

 

Je discute un moment avec un couple d'Australiens et un couple de Suédois, puis regagne ma chambrette qui a changé de locataires. Les 3 Italiennes ont été remplacées par Anna, une charmante Danoise de 20 ans, qui, comme moi, voyage en solitaire avec beaucoup de plaisir. Nous discutons encore un moment en musique, mais je l'abandonne bientôt à sa lecture pour sombrer dans le sommeil.

Publié dans Pérou

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